jeudi 11 décembre 2014

Des poèmes de Victor Hugo

Bonjour! Je suis une étudiante américaine dans ma quatrième année à Hollins University à Ronaoke, Virginie. Ce semestre, j'ai suivi un cours s'appelle La Littérature du XIXème et XXème siècles. Pour terminer le semestre, je fait un blog comme projet finale; ici, je peux partager mes pensées et mes observations sur le sujet.

Nous avons étudié les poètes Romantiques, notamment Victor Hugo. Il était un des grands hommes littéraires de la France totale, connu pour ses livres et ses poèmes. Il était influencé par les thèmes de la période Romantique et les mouvements politique dans le XIXème siècle.


Victor Hugo

Dans notre livre pour le classe, l'essaie sur Hugo a dit que "le poète remplit une mission, donc il a pris un part active aux grands débats politique." Il a publie son premier recueil de poèmes en 1822, s'appelle Les Odes et poésies diverses, quand il avait vingt ans. 

Sa vie était tragique par les morts de sa femme, sa maîtresse, et quelques enfants et aussi son exile. Son poésie est marque par son douleur, souvent directement le sujet de ses poèmes. 

Nous avons lu quelques poèmes qui incluent "Fonction du Poète," "A Villequier," "Soleils Couchants" et "Demain, dès l'aube." 
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La Fonction de poète

Dieu le veut, dans les temps contraires,
 Chacun travaille et chacun sert.
 Malheur à qui dit à ses frères :
 Je retourne dans le désert !
 Malheur à qui prend ses sandales
 Quand les haines et les scandales
 Tourmentent le peuple agité !
 Honte au penseur qui se mutile
 Et s'en va, chanteur inutile,
 Par la porte de la cité !

 Le poète en des jours impies
 Vient préparer des jours meilleurs.
 ll est l'homme des utopies,
 Les pieds ici, les yeux ailleurs.
 C'est lui qui sur toutes les têtes,
 En tout temps, pareil aux prophètes,
 Dans sa main, où tout peut tenir,
 Doit, qu'on l'insulte ou qu'on le loue,
 Comme une torche qu'il secoue,
 Faire flamboyer l'avenir !

 Il voit, quand les peuples végètent !
 Ses rêves, toujours pleins d'amour,
 Sont faits des ombres que lui jettent
 Les choses qui seront un jour.
 On le raille. Qu'importe ! il pense.
 Plus d'une âme inscrit en silence
 Ce que la foule n'entend pas.
 Il plaint ses contempteurs frivoles ;
 Et maint faux sage à ses paroles
 Rit tout haut et songe tout bas !

 Peuples! écoutez le poète !
 Ecoutez le rêveur sacré !
 Dans votre nuit, sans lui complète,
 Lui seul a le front éclairé.
 Des temps futurs perçant les ombres,
 Lui seul distingue en leurs flancs sombres
 Le germe qui n'est pas éclos.
 Homme, il est doux comme une femme.
 Dieu parle à voix basse à son âme
 Comme aux forêts et comme aux flots.

 C'est lui qui, malgré les épines,
 L'envie et la dérision,
 Marche, courbé dans vos ruines,
 Ramassant la tradition.
 De la tradition féconde
 Sort tout ce qui couvre le monde,
 Tout ce que le ciel peut bénir.
 Toute idée, humaine ou divine,
 Qui prend le passé pour racine,
 A pour feuillage l'avenir.

 Il rayonne! il jette sa flamme
 Sur l'éternelle vérité !
 Il la fait resplendir pour l'âme
 D'une merveilleuse clarté.
 Il inonde de sa lumière
 Ville et désert, Louvre et chaumière,
 Et les plaines et les hauteurs ;
 A tous d'en haut il la dévoile;
 Car la poésie est l'étoile
 Qui mène à Dieu rois et pasteurs !

Victor Hugo, Les Rayons et les ombres
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A Villequier

Maintenant que Paris, ses pavés et ses marbres,
Et sa brume et ses toits sont bien loin de mes yeux ;
Maintenant que je suis sous les branches des arbres,
Et que je puis songer à la beauté des cieux ;

Maintenant que du deuil qui m'a fait l'âme obscure
Je sors, pâle et vainqueur,
Et que je sens la paix de la grande nature
Qui m'entre dans le cœur ;

Maintenant que je puis, assis au bord des ondes,
Emu par ce superbe et tranquille horizon,
Examiner en moi les vérités profondes
Et regarder les fleurs qui sont dans le gazon ;

Maintenant, ô mon Dieu ! que j'ai ce calme sombre
De pouvoir désormais
Voir de mes yeux la pierre où je sais que dans l'ombre
Elle dort pour jamais ;

Maintenant qu'attendri par ces divins spectacles,
Plaines, forêts, rochers, vallons, fleuve argenté,
Voyant ma petitesse et voyant vos miracles,
Je reprends ma raison devant l'immensité ;

Je viens à vous, Seigneur, père auquel il faut croire ;
Je vous porte, apaisé,
Les morceaux de ce cœur tout plein de votre gloire
Que vous avez brisé ;

Je viens à vous, Seigneur ! confessant que vous êtes
Bon, clément, indulgent et doux, ô Dieu vivant !
Je conviens que vous seul savez ce que vous faites,
Et que l'homme n'est rien qu'un jonc qui tremble au vent ;

Je dis que le tombeau qui sur les morts se ferme
Ouvre le firmament ;
Et que ce qu'ici-bas nous prenons pour le terme
Est le commencement ;

Je conviens à genoux que vous seul, père auguste,
Possédez l'infini, le réel, l'absolu ;
Je conviens qu'il est bon, je conviens qu'il est juste
Que mon cœur ait saigné, puisque Dieu l'a voulu !

Je ne résiste plus à tout ce qui m'arrive
Par votre volonté.
L'âme de deuils en deuils, l'homme de rive en rive,
Roule à l'éternité.

Nous ne voyons jamais qu'un seul côté des choses ;
L'autre plonge en la nuit d'un mystère effrayant.
L'homme subit le joug sans connaître les causes.
Tout ce qu'il voit est court, inutile et fuyant.

Vous faites revenir toujours la solitude
Autour de tous ses pas.
Vous n'avez pas voulu qu'il eût la certitude
Ni la joie ici-bas !

Dès qu'il possède un bien, le sort le lui retire.
Rien ne lui fut donné, dans ses rapides jours,
Pour qu'il s'en puisse faire une demeure, et dire :
C'est ici ma maison, mon champ et mes amours !

Il doit voir peu de temps tout ce que ses yeux voient ;
Il vieillit sans soutiens.
Puisque ces choses sont, c'est qu'il faut qu'elles soient ;
J'en conviens, j'en conviens !

Le monde est sombre, ô Dieu ! l'immuable harmonie
Se compose des pleurs aussi bien que des chants ;
L'homme n'est qu'un atome en cette ombre infinie,
Nuit où montent les bons, où tombent les méchants.

Je sais que vous avez bien autre chose à faire
Que de nous plaindre tous,
Et qu'un enfant qui meurt, désespoir de sa mère,
Ne vous fait rien, à vous !

Je sais que le fruit tombe au vent qui le secoue,
Que l'oiseau perd sa plume et la fleur son parfum ;
Que la création est une grande roue
Qui ne peut se mouvoir sans écraser quelqu'un ;

Les mois, les jours, les flots des mers, les yeux qui pleurent,
Passent sous le ciel bleu ;
Il faut que l'herbe pousse et que les enfants meurent ;
Je le sais, ô mon Dieu !

Dans vos cieux, au-delà de la sphère des nues,
Au fond de cet azur immobile et dormant,
Peut-être faites-vous des choses inconnues
Où la douleur de l'homme entre comme élément.

Peut-être est-il utile à vos desseins sans nombre
Que des êtres charmants
S'en aillent, emportés par le tourbillon sombre
Des noirs événements.

Nos destins ténébreux vont sous des lois immenses
Que rien ne déconcerte et que rien n'attendrit.
Vous ne pouvez avoir de subites clémences
Qui dérangent le monde, ô Dieu, tranquille esprit !

Je vous supplie, ô Dieu ! de regarder mon âme,
Et de considérer
Qu'humble comme un enfant et doux comme une femme,
Je viens vous adorer !

Considérez encor que j'avais, dès l'aurore,
Travaillé, combattu, pensé, marché, lutté,
Expliquant la nature à l'homme qui l'ignore,
Eclairant toute chose avec votre clarté ;

Que j'avais, affrontant la haine et la colère,
Fait ma tâche ici-bas,
Que je ne pouvais pas m'attendre à ce salaire,
Que je ne pouvais pas

Prévoir que, vous aussi, sur ma tête qui ploie
Vous appesantiriez votre bras triomphant,
Et que, vous qui voyiez comme j'ai peu de joie,
Vous me reprendriez si vite mon enfant !

Qu'une âme ainsi frappée à se plaindre est sujette,
Que j'ai pu blasphémer,
Et vous jeter mes cris comme un enfant qui jette
Une pierre à la mer !

Considérez qu'on doute, ô mon Dieu ! quand on souffre,
Que l'œil qui pleure trop finit par s'aveugler,
Qu'un être que son deuil plonge au plus noir du gouffre,
Quand il ne vous voit plus, ne peut vous contempler,

Et qu'il ne se peut pas que l'homme, lorsqu'il sombre
Dans les afflictions,
Ait présente à l'esprit la sérénité sombre
Des constellations !

Aujourd'hui, moi qui fus faible comme une mère,
Je me courbe à vos pieds devant vos cieux ouverts.
Je me sens éclairé dans ma douleur amère
Par un meilleur regard jeté sur l'univers.

Seigneur, je reconnais que l'homme est en délire
S'il ose murmurer ;
Je cesse d'accuser, je cesse de maudire,
Mais laissez-moi pleurer !

Hélas ! laissez les pleurs couler de ma paupière,
Puisque vous avez fait les hommes pour cela !
Laissez-moi me pencher sur cette froide pierre
Et dire à mon enfant : Sens-tu que je suis là ?

Laissez-moi lui parler, incliné sur ses restes,
Le soir, quand tout se tait,
Comme si, dans sa nuit rouvrant ses yeux célestes,
Cet ange m'écoutait !

Hélas ! vers le passé tournant un œil d'envie,
Sans que rien ici-bas puisse m'en consoler,
Je regarde toujours ce moment de ma vie
Où je l'ai vue ouvrir son aile et s'envoler !

Je verrai cet instant jusqu'à ce que je meure,
L'instant, pleurs superflus !
Où je criai : L'enfant que j'avais tout à l'heure,
Quoi donc ! je ne l'ai plus !

Ne vous irritez pas que je sois de la sorte,
Ô mon Dieu ! cette plaie a si longtemps saigné !
L'angoisse dans mon âme est toujours la plus forte,
Et mon cœur est soumis, mais n'est pas résigné.

Ne vous irritez pas ! fronts que le deuil réclame,
Mortels sujets aux pleurs,
Il nous est malaisé de retirer notre âme
De ces grandes douleurs.

Voyez-vous, nos enfants nous sont bien nécessaires,
Seigneur ; quand on a vu dans sa vie, un matin,
Au milieu des ennuis, des peines, des misères,
Et de l'ombre que fait sur nous notre destin,

Apparaître un enfant, tête chère et sacrée,
Petit être joyeux,
Si beau, qu'on a cru voir s'ouvrir à son entrée
Une porte des cieux ;

Quand on a vu, seize ans, de cet autre soi-même
Croître la grâce aimable et la douce raison,
Lorsqu'on a reconnu que cet enfant qu'on aime
Fait le jour dans notre âme et dans notre maison,

Que c'est la seule joie ici-bas qui persiste
De tout ce qu'on rêva,
Considérez que c'est une chose bien triste
De le voir qui s'en va !

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Soleils Couchants

Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées.
Demain viendra l'orage, et le soir, et la nuit ;
Puis l'aube, et ses clartés de vapeurs obstruées ;
Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s'enfuit !

Tous ces jours passeront; ils passeront en foule
Sur la face des mers, sur la face des monts,
Sur les fleuves d'argent, sur les forêts où roule
Comme un hymne confus des morts que nous aimons.

Et la face des eaux, et le front des montagnes,
Ridés et non vieillis, et les bois toujours verts
S'iront rajeunissant ; le fleuve des campagnes
Prendra sans cesse aux monts le flot qu'il donne aux mers.

Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête,
Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux,
Je m'en irai bientôt, au milieu de la fête,
Sans que rien manque au monde, immense et radieux !

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Demain, dès l'aube...

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

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J'ai fait une exposition sur le poème "Demain, dès l'aube..."

Dans ce poème, Hugo a commencé d’envisager le futur sans sa fille. Il a considéré un voyage solitaire, pour visiter la tombe de Léopoldine et des implications de ce type de visite. Bien sûr, le deuil est toujours apparent, mais il y a aussi le sentiment de guérison dans le moyen de parler et dans les mots qu’Hugo a choisis.  Le vers  quatre, quand il a écrit « Je ne  puis demeurer loin de toi plus longtemps » et saisissant grâce à l’image que les mots ont crée et les émotions : la certitude dans la voix d’Hugo a produit un sens de la destinée, ou du calme froid et délicat (un état de tête commun pour les gens qui souffrent la perte de quelqu'un.)

Il a défini le chemin envers les choses qu’on verrait normalement  mais qu’il ne voit pas, parce que ses yeux sont « fixés sur mes pensées, / sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit, / Seul, inconnu. » Il connait les aspects de la nature, et il accordait la beauté de la nature, en particulier de l’aube, qui est « l’heure ou blanchit la compagne. » Le lyrisme existe même si ses mots sont vides d’énergie. Quand il arrive, il trouvera des fleurs et construire un adieu formel, mais toujours le but n’est pas de  présenter un bouquet de belles fleurs ; la signification est dans le message que les fleurs peuvent communiquer, pour le père et aussi pour la lectrice. On peut remarquer que le nom de la plante, les mots "houx vert," ont le même son que le mot « ouvert, » un pas important pour le processus du chagrin. Le choix pour les fleurs est aussi un moyen de célébrer la vie et la vitalité des fleurs qui sont résistantes et qui vivent malgré le froid de l’hiver ou l’environnement dur comme le climat des montagnes.  

J’aime la structure de ce poème et les techniques qu’Hugo ont apportés pour exprimer les émotions subtiles: les verbes dans le futur, et aussi il s’est occupé de sa fille comme si elle était vivante ; il insiste à ce  « que tu m’attends. » Le temps des mots me suggère qu’Hugo est prêt à  marcher en avant   et il a fait les pas nécessaires pour réconcilier la réalité avec ses désirs, par l’acte de penser au  futur, à un futur où sa fille n’existe pas sur la terre. C’est le plus grand pas, à mon avis, dans le processus du chagrin, d’accepter le choc et la nouvelle conception du monde.  L’évidence est là, dans le faite qu’il continue la conversation avec sa fille, malgré son incapacité  à répondre. Il a trouvé un mode de communication ouvert (comme les fleurs), presque comme la prière—s’il parle de sa fille et il garde son souvenir, il peut la préserver dans sa mémoire.

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Les poèmes d'Hugo sont des cadeaux pour tous les gens qui aime la poésie Romantique ou français ou les deux au même temps, malgré la douleur de sa vie. 


La tombe de Victor Hugo a la Panthéon 

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